
Improvisateur de jazz, compositeur de musiques de films ou bien tout simplement auteur/compositeur de chansons, Alexandre Saada nous entraîne là où ses doigts de musicien synesthète le guident. De ce bug neurologique transformant les accords de musique en textures sonores, ce pianiste français issu d’une famille de déracinés — le père ayant quitté la Tunisie à l’adolescence et la mère partie en pleine guerre d’Algérie — a fait de son instrument un objet apatride.
S’il est également capable de poser des notes sur des images comme pour le long-métrage Youssef Salem a du succès de Baya Kasmi avec Ramzy Bedia (2023) ou Corporate de Nicolas Silhol avec Céline Salette et Lambert Wilson (2017), il est tout aussi appréciable dans ses face-à-face pianistiques avec Philippe Baden-Powell, le fils de la légende brésilienne. Alexandre Saada est également remarquable lors de ses collaborations avec Malia (rendant un hommage poignant à Nina Simone (Black Orchid), revisitant l’album Echoes of Dreams dans une élégante version piano, violon – alto – violoncelle) ou bien au côté de Martha Reeves, chanteuse du groupe Martha and the Vandellas (Dancing in the Streets, 1965, reprise vingt ans plus tard par Mick Jagger et David Bowie). Il se révèle plus impressionniste en solo ou dans le duo Madeleine et Salomon.
À l’âge de 4 ans, il se hisse pour la première fois sur un siège de piano. Onze ans plus tard, ce jazzman né aux premières lueurs du punk (1977) effectuait ses premiers concerts, lesté d’une solide culture musicale classique et jazz, dans le… rock. Un groupe de reprise des Doors lui offre ses premières sensations en live. Il commence à écrire des chansons en assemblant au hasard des vers du poète Jim Morrison.
Des centaines de concerts et enregistrements plus tard, le musicien désormais installé à Paris décide de regrouper ses chansons, objets qu’il fabrique avec précision à l’inverse de ses plages improvisées, effectuant une chevauchée à l’intérieur de ses quêtes identitaires sous la forme la plus pop folk qui se puisse, avec la mélancolie de Jay-Jay Johanson, le velours arpégé de José Gonzales ou de Sufjan Stevens.
On pourra y entendre l’influence de Leonard Cohen, de Lhasa ou de Tom Waits, comme dans le final de son album précédent (Songs for a flying man), du temps où le monde était vert. C’était quel jour déjà, Alexandre Saada ?




Alexandre Saada par Claude Deleuze (extraits, 2017)
Pianiste, multi instrumentiste, compositeur et arrangeur, Alexandre Saada est l’un des musiciens les plus singuliers du paysage français actuel.
Après un brillant parcours d’études classiques, il s’intéresse au jazz et aux musiques improvisées, prolonge sa formation auprès de Michel Petrucciani, Daniel Goyone et Serge Forté et se confronte à la réalité du terrain, rencontrant des musiciens et participant à de nombreuses jam-sessions à New York, La Havane et Trinidad. Il forme un quintet et multiplie ses prestations dans tous les clubs de jazz parisiens. Une étape exaltante qui culmine avec un concert au Festival de Montreux.
Le pianiste enregistre l’album « …éveil », en trio avec le contrebassiste Chris Jennings et le batteur David Eléouet. Un disque mixte, entre standards et pièces inédites, qui connaît un vif succès et qui traverse le monde, programmé sur les écouteurs des vols Air France.
« …éveil » est Disque d’Emoi Jazz Magazine.
Une belle rencontre avec la saxophoniste Sophie Alour, entre les festivals de Calvi et Pinarello, l’incite à former un nouveau quintet et à enregistrer son deuxième album personnel : « Be where you are », où Saada se fait plaisir avec un surprenant arrangement de la « Pavane pour une infante défunte » de Maurice Ravel. « il participe à un mouvement aujourd’hui rarissime mais nullement paradoxal, le “groove tranquille” « Jazz Magazine.
« Be where you are » est Disque d’Emoi Jazz Magazine
Toujours avec Sophie Alour le « Pop Life Project » en hommage à Joni Mitchell, Nick Drake et Paul Simon, anticipe et prépare son troisième album, « Panic Circus », avec Sophie Alour, Jean-Daniel Botta et Laurent Robin.
« par sa riche culture musicale, par son jeu inventif et ouvert, par sa technique achevée et son geste précis, Saada ne peut laisser personne indifférent. L’exigence de son écriture va de pair avec le plaisir du jeu ». Jazzman
« Panic Circus » ouvre les portes d’une insolite tournées en Amérique Centrale (Panama, Costa Rica, Nicaragua, Salvador, Honduras et Guatemala), loin des centres internationaux du jazz mais près du cœur de gens avides d’écouter des nouvelles sonorités venues… d’Europe.
« Panic Circus » est Disque d’Emoi Jazz Magazine, 4* Jazzman, Coup de Cœur NOVA, Coup de Cœur ELLE
Premier album solo : « Present », où d’après lui sont réunies « mes compositions les plus introspectives et les plus personnelles ». À ce propos, le pianiste et compositeur Roque Alsina s’exprime de façon éloquente : « Ce brillant musicien, improvisateur inspiré, nous introduit dans un univers exaltant où densité et détente convergent dans un discours harmonique d’une rare beauté ».
« Present » est Choc Jazzman/Jazz Magazine
Au cours de ses nombreux voyages, Saada voit renaître sa passion pour la photographie et capture les lumières des paysages traversés, les visages des gens croisés entre deux concerts et enregistre à l’aide d’un magnétophone à bandes de nombreuses pistes improvisées qui esquissent dans l’album « Continuation to the end » les contours d’une nouvelle esthétique artistique et musicale pour Alexandre Saada.
Télérama en parle : « Une fausse note n’est qu’une dissonance qui attend qu’on la sublime, exercice auquel le pianiste s’adonne avec brio ».
« Continuation to The End » sort sur le label Bee Jazz et sera « Sélection Jazz News ».
Pour son 6ème album « Portraits » (et 3ème en solo), Alexandre Saada improvise et partage sa perception des femmes et des hommes qui l’entourent. Des portraits sans papier ni crayon, mais au piano.
« Portraits » ouvrira au pianiste les portes d’une belle tournée d’un mois en Chine. Le magazine Pianiste l’a surnommé « Le pianiste atypique » et dira de cet album : « Alexandre Saada propose un voyage que toute oreille attentive et soucieuse de beauté ne peut que souhaiter découvrir ». Jazz Magazine décrit ce disque comme « un recueil de poésies constituées comme celles de Prévert de ces « petits riens » si délicats (et difficiles) à engendrer. »
« Portraits » est 4* Jazz Magazine et Sélection Jazz News.